N'ayant rien à faire, et n'ayant aussi rien envie de faire par cette chaleur accablante, je me suis dit que j'allais écrire. Activité adaptée puisqu'elle me permet de rester dans ma chambre où justement il ne fait pas trop chaud : elle est au sous-sol et il y fait aussi frais que dans une cave ; quand j'ai trop froid, j'ouvre la fenêtre pour prendre une bouffée d'air suffocant... Je suis trop bien, en fait. Comme je n'ai rien à raconter, je vais enfin épiloguer sur mon voyage en Allemagne, histoire de m'en souvenir plus tard… Récit avec pas mal de détails puisque j'ai une mémoire terrible pour les choses sans le moindre intérêt.
Je suis partie un dimanche, le 6 juillet, en train ; c'est ma mère qui m'a amenée à la gare, puisque mon père avait la jambe dans le plâtre. J'étais la seule du groupe à prendre le train dans cette ville, il fallait monter dans le dernier wagon, alors j'ai attendu au bout du quai avec ma mère. Quand le train est arrivé, j'ai dit au revoir à ma mère et je suis montée dedans, tant bien que mal avec ma "so gross" valise. On ne s'est pas embrassées, on n'a jamais de contacts physiques ; la dernière fois, peut-être j'avais 9 ans et je partais en pensionnat en Suisse pendant un mois, avec ma sœur, tandis que mes parents restaient à Paris en attendant de déménager. Dans le train, j'ai fait la connaissance des autres Suisses et de l'accompagnateur ; c'était assez long, ce voyage. Je me souviens, ils étaient tous stressés à l'idée de rencontrer leur Gastfamilie, moi pas tellement : c'était pas la première fois. Le sujet de conversation principal c'était : "Dans la famille, t'es avec quoi, un Tchèque ou un Polonais ?" ; progressivement, pendant le séjour, on s'est approprié "nos" étrangers : "Y'a ma Polonaise qu'est vraiment chiante en ce moment… Et avec ton Russe, ça va ?…"
On est arrivé à Cologne puis chacun est parti avec sa famille. C'est la dame qui est venue me chercher, elle m'a paru assez sympa. Elle parlait toute seule puisque je ne comprenais rien et ça la faisait rire… Ils avaient une maison, deux chiens, un jardin, trois enfants, peut-être qu'il y avait un mari puisque des fois elle parlait de son Mann qui devait réparer la voiture, mais je ne l'ai jamais vu. Dans la maison, vivaient aussi une bonne femme et sa fille qui parlaient polonais. Je n'ai jamais compris qui elles étaient par rapport à la famille. On m'a présentée à Anna la Polonaise et à Liana la Tchèque, les deux autres filles qui étaient avec moi dans la famille. J'étais toute seule dans ma chambre aux murs ornés de posters de Pokémon, tranquille, et elles en partageaient une. On parlait très peu au début, elles étaient beaucoup plus fortes que moi en allemand, et puis elles se comprenaient plus ou moins dans un mélange de tchèque et de polonais ; les deux langues se ressemblent. Nous avons soupé, et puis la plus grande des enfants de la famille nous a emmenées jusqu'à l'école où nous devions aller tous les jours prendre nos 5 heures de cours. Par rapport à la petite ville paumée où j'habite, c'est grand Cologne ! Là où je logeais, c'était une banlieue résidentielle, tranquille, beaucoup de maisons et des petits jardins. Pour aller dans le centre de Cologne nous devions prendre un train : le S11, direction Bergish-Gladbach, à l'arrêt Köln-Blumenberg (je n'y ai jamais vu la moindre montagne) pendant une bonne vingtaine de minutes (merci pour les détails inutiles…)… Pour aller à l'école nous devions descendre du train à l'arrêt avant la Hauptbahnhof (gare centrale) : K-Hansaring de son nom, et prendre un métro, je n'ai jamais su lequel, jusqu'à Reichenspergerplatz… Allez savoir pourquoi, mais j'ai toujours été attachée aux lieux, même aux plus insignifiants, et leurs noms, qu'il s'agisse d'une crique de la mer Adriatique dans laquelle j'aurais passé une nuit, d'une station où j'aurais attendu le métro ou encore du village où je vivais il y a 5 ans, sont toujours comme une douce mélodie pour mes petites oreilles…
Et moi, je me sentais toute perdue dans cette grande ville ! Prochain épisode : Moral défaillant