J'avais laissé lire la lettre de
Petit De13 Ans à certains de mes camarades de classe. C'était parvenu aux oreilles de sa sœur qui avait pris un malin plaisir à lui dire, alors que je pense qu'autrement il n'en aurait jamais rien su. Ce midi, à la cantine, elle jubilait en me disant que maintenant son frère me détestait. Je vais pas entrer dans les détails, parce que les motivations de cette fille sont très diverses, et elle est terriblement machiavélique… Mais sinon dans le fond c'est une très gentille fille, si j'oublie qu'elle me déteste (quoique me détester ne la rend pas méchante pour autant, peut-être même devrais-je dire que c'est ce qui permet de dire d'elle qu'elle est parfaitement saine d'esprit) et qu'elle a ouvert un parapluie dans la cantine tout à l'heure… Il ne me parlait plus, donc. Alors pour m'excuser, parce que je me sentais coupable, je lui ai écrit une lettre d'excuse (nan, sans blague ?), que je lui ai donné dans le bus ce matin. Je ne pensais pas qu'il l'avait prise, je l'imaginais encore par terre, là où je l'avais laissée devant son refus d'attraper la feuille que je lui tendais. J'ai su qu'il voulait finalement me reparler et qu'il avait lu ma lettre.
J'aimerais que ça soit le printemps. Sortir du cours de philo le lundi à 18 heures, et qu'il fasse encore jour, puis plus chaud. Pouvoir à nouveau me promener pieds nus, en jupe, sentir le soleil sur mes bras dénudés, la fraîcheur du vent sur mes jambes, comme une caresse. Dormir la fenêtre ouverte, sentir les odeurs d'herbes, d'arbres, de plantes, et me faire réveiller à 5 heures du matin par les oiseaux. Aller me promener dans la forêt et ressentir la renaissance de la nature. Ça sera beau, c'est toujours beau le printemps ; y aura-t-il toujours des printemps ?…
A la gare il y aura des couples partout, ça me fera sourire en coin, je ferais la cynique, mais dans le fond ça m'attendrira et moi aussi, j'aurais envie, mais… on peut pas tout avoir.
Un jour ça viendra. Puis ça semblera tellement naturel, comme si ça avait toujours dû se passer comme ça, et j'oublierais cette époque… j'oublierai qu'il était une époque où je me demandais ce que ça faisait d'être caressée par un homme aimé, j'oublierai qu'à 17 ans j'avais connu ça pendant quelques heures, j'oublierai ma faiblesse de l'époque où je me laissais faire par qui voulait, et les barrières que j'avais posées à cette époque sauteront les unes après les autres. J'aurais moins peur des sentiments, je me laisserais aimer, je laisserais m'aimer, et je ferais en sorte que Freud ne soit plus jamais impliqué dans ma vie. Je me respecterais, je respecterais celui qui m'aimera, et puis même les autres, et ça je vais commencer dès maintenant. Je tiendrais mes promesses et j'éviterais de trahir les gens, c'est facile ça, je peux le faire, et en plus c'est important. Il n'y a eu qu'une promesse que je n'ai pas tenue depuis le 1er janvier (j'ai pas de quoi être fière de moi), mais beaucoup de choses m'ont été dites que j'ai su garder pour moi.
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