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Les humeurs changeantes d'Antigone


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Le voyage a disparu !

   Il était juste 1 h, la nuit dernière, quand je me suis dit que j'allais écouter les infos à la radio ; ce que j'ai fait. Il n'y avait aucun événement marquant, mais après c'était trop bien… Une émission sur les voyages en général, et les voyages en cargo en particulier.
   Je déteste les avions (j'aurais presque honte d'écrire ça, c'est tellement anormal à notre époque de rapidité, de rentabilité…). Au début, pour justifier cette haine, je n'avais que la peur ; et puis j'ai lu, j'ai réfléchi, et j'ai compris. Voyager en avion, ce n'est pas un vrai voyage. On ne voit pas le monde, on ne découvre rien, on ne rencontre personne… C'est assez bizarre, mes sentiments envers les avions. Il y a cent ans, j'aimais les avions. Je veux dire, quand je lis des bouquins comme Courrier Sud de St Exupéry, j'en rêve. J'aurais voulu être St Exupéry, connaître le monde du 20ème siècle… Vous savez, ce monde qui était encore nouveau, encore grand, où il restait plein de choses à découvrir ! Les avions, s'en étaient pour de vrai, ce n'étaient pas encore ces affreuses machines où l'on s'entasse avec des centaines d'autres imbéciles… On sentait qu'on volait, c'était vrai…
   J'ai pas mal voyagé sur la mer, enfant, avec mes parents, en voilier. Je l'aime, la mer. J'aurais voulu vivre près d'elle, mais au lieu de ça je suis coincée au milieu de mes montagnes. Je ne leur en veux pas, et je les aime aussi, d'une manière différente. Le voyage en cargo, bien qu'il ait perdu 80% de sa poésie, me laisse une fascination que l'avion n'a plus pour moi depuis une bonne dizaine d'années. En bateau, on peut vraiment voir le monde, on s'aperçoit de sa taille, on a le temps de réfléchir…  Une femme qu'ils interviewaient disait justement de cette façon de voyager que c'était un moyen de "favoriser la lenteur, la réflexion et la prise en charge de soi-même". Je n'aime pas cette banalisation du voyage, j'aurais voulu que ce soit toujours une aventure, j'aurais voulu qu'on y fasse toujours des rencontres mémorables, qu'on ait des souvenirs autres que d'avoir égaré une valise ou le joujou du petit… De quoi se souvient-on, aujourd'hui, quand on voyage ? De ce qu'on a fait sur place, bien sûr, et puisque l'on ne perd plus trop de temps en trajet, on fait plus de choses… Un bonhomme, disait encore, au sujet de ses voyages en cargo : "des voyages qui m'ont marqué à tout jamais". En cargo, on a le temps de faire de vraies rencontres, de mieux connaître les gens… alors qu'en avion pas du tout. 
   Mais ce n'est plus ce que c'était, le voyage maritime. L'époque où l'on pouvait payer sa traversée par des petits boulots de peinture ou de ménage est révolue ; aujourd'hui, pour voyager même sur un porte-conteneurs il faut compter une centaine d'euros par jour. C'est évident que l'on fait mieux de prendre l'avion. Et puis, les ports ne sont plus ce qu'ils étaient… Aujourd'hui nous avons de grandes zones industrialo-portuaires situées à 25 km des villes. On n'y pénètre plus comme on veut, on ne peut plus flâner le long des quais…
                                                 Quelque chose est mort.
   Faut que je reste réaliste, moi. J'ai trop lu Tintin… Aujourd'hui, on ne peut plus se permettre la lenteur ; plus tard je ne pourrais pas me permettre la lenteur. Je n'aurais pas 5 semaines de vacances par ans, et quand je les prendrais, mon but sera d'arriver vite à destination, de ne pas perdre mon temps… Ça me rebute affreusement, cette perspective… Je ne peux pas devenir comme ça, quand même ! Faut que je me batte…  

Ecrit par Antigone, à 15:10 dans la rubrique "Textes sans autre".



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