Les humeurs changeantes d'Antigone

Pannes de courant à répétition dans toute la ville, paraît-il, mais ça n'a pas duré. Juste assez pour que je perde mon article, que je n'énerve de ne pas pouvoir faire chauffer de l'eau, ni ouvrir la machine à laver pour sécher mon linge, ni téléphoner… Sans électricité on va pas très loin.

Dites-moi que je ne pourrais jamais recommencer, que c'est ce que je fais aujourd'hui qui détermine ce que je ferais demain. Répétez-le moi mille fois, je m'intéresserais peut-être enfin à mon destin. Les fils qui me reliaient à mon existence se sont cassés, quelqu'un peut-il y faire un nœud ? Je suis étrangère à ma propre vie. Mon corps n'a rien à voir avec moi.
Hier, pendant que je suçais l'autre niais, c'était comme si ce n'était pas moi. Jeudi pendant la dissert de philo, c'était comme si celle-ci ne comptais pour rien. Je me suis étrangère. Je ne me concerne pas.
Ça me ferait presque peur.