Les humeurs changeantes d'Antigone

Je voudrais qu'il m'écoute. Je voudraispouvoir lui expliquer. Lui dire, t'sais, c'est pas parce que je suis conne que ça me gêne qu'on me saute dessus pour "m'embrasser". C'est juste parce que je ne suis pas habituée, presque personne ne m'a jamais vraiment montré physiquement d'affection, je ne sais pas comment on fait, et là c'estjuste de l'affection (alors montrer physiquement de l'amour, si jamais çaarrive, ça risque d'être épique). C'est gênant quand on tombe sur une polonaise qui vous serre dans ses bras pour vous dire au revoir… Alors bof, voilà, les câlins, c'est pas pour moi. Et en même temps j'en ai besoin. Parfois tellement que ça a creusé comme une faille, et que j'ai peur qu'elle s'ouvre, c'est fragile. D'ailleurs parfois ça s'ouvre, mais ça se surmonte très bien, dans le fond : le chauffage à 30°, une couverture sur le dos, un thé bu trop chaud, une douche brûlante… j'ai toujours froid, parfois tellement que je me mets à trembler. Et malgré cette retenue apparente et tellement voulue, je m'attache
aux gens, beaucoup trop, et c'est ça le problème. Et comme ils ne le savent pas, ils ne peuvent pas imaginer qu'ils puissent me faire mal, et faut pas compter sur moi pour le leur dire.