Les humeurs changeantes d'Antigone

Finalement on est tous les mêmes. On nous tous donné deux trois trucs, à certains rien parfois, puis on nous a lancés là en nous disant "Démerdes-toi !" Et alors on commence à essayer de faire du mieux possible. Et certains bien mieux que d'autres. Parce qu'il y en aura toujours qui seront incapables de faire quoi que ce soit avec leurs 10 doigts. Mais on doit en être capables, tous, tirer notre petit bout de bonheur, de l'audace, de l'audace ! et vous y arriverez tous. Elle souriait toujours, même si c'était moche, la maman, quand elle recevait son cadeau fait main à la fête des mères… Et on pouvait avoir deux mains gauches que ça ne changeait rien. Je n'ai jamais compris, moi, comment les parents faisaient pour avoir l'air contents. Ça m'a toujours fait peur, je me suis toujours demandé comment je ferais si un jour moi aussi j'avais des enfants. C'est que je n'arrivais jamais à cacher ma déception à Noël quand ça ne me plaisait pas. Ce que je n'avais pas compris, c'est qu'en effet ils étaient contents. Les miens en tout cas, ils l'étaient peut être vraiment. Le problème c'est encore moi. Ai-je seulement déjà voulu faire plaisir à qui que ce soit ? Tout cadeau à toujours répondu à la nécessité. Un cadeau pour qu'on ne me fasse pas la gueule, merci. Quand j'étais en seconde, ma prof d'allemand avait un jour téléphoné à ma mère pour lui dire que j'étais folle et que je n'aimais personne. Je comprends toujours pas ce que ça pouvait lui faire. Mais c'est vrai que quand on aime les gens, on fait attention à eux, on leur montre qu'on pense à eux. Toujours eu peur de me montrer. Et un cadeau spontané ça montre une part de notre personnalité, mais moi, je n'ai jamais eu de personnalité. Je n'ai jamais rien été d'autre que ce qu'on me demandait d'être, quitte à n'être rien quand je ne savais pas ce qu'on attendait de moi. Ai-je toujours été timide parce que c'était ce qu'on disait de moi. Je me suis toujours conformée à ce qu'on disait de moi. Et puis on a jamais attendu de moi que je montre mon affection, alors je l'ai toujours bien caché. Même gosse je n'ai jamais dit à qui que ce soit "Tu es ma meilleure amie !". En retour j'accueillais de telles déclarations avec un certain recul. Je me suis rarement impliquée dans quoi que ce soit. Mais j'ai souvent rêvé de savoir quoi dire, de montrer mes sentiments… mais comme je n'ai jamais été là pour ça, ben… Je ne suis sûrement pas sociophobe. Je suis juste autophobe. Complètement allergique à moi-même. Seule avec moi, je me tolère, mais dès qu'il y a autrui dans les parages, j'ai peur de ce que je dois être. Et puis j'ai peur de ce que je serais si je ne me conformais pas à ce que je dois être. Je voudrais pas décevoir non plus. Si j'ai tant envie de partir loin, quelque part où personne ne me connaîtrait, c'est pour pouvoir me fabriquer un petit moi qui serait ce qu'il est, duquel on attendrait rien de particulier, qu'on aimerait comme tel, qui oserait se découvrir un peu, sans crainte. Je voudrais savoir qui je suis. D'abord ne plus me mentir à moi-même, puis plus aux autres. Je ne suis qu'un tas de n'importe quoi, d'illusions, de rêves conventionnels dits comme réalités, de comportements normaux-caricaturaux camoufleurs de vide.