Les humeurs changeantes d'Antigone

   Je hais le lundi, franchement, de toutes mes faibles forces... C'est agréable d'avoir un tel ennemi. On ne le voit qu'une fois par semaine, juste le temps de le haïr d'avantage.
   Et puis, j'ai du mal le lundi. Il faut se remettre dans le trip, on perd vite les habitudes. Pourtant c'est tellement répétitif... Du lundi au mercredi, aux pauses, les gens parlent de leurs sorties du week-end, où sont-ils allés, ce qu'ils avaient bu, l'ampleur de leur ébriété. Le jeudi et le vendredi, ils racontent leurs projets pour le week-end suivant. Eh oui, assurément, on s'amuse bien dans le monde... Tout de même, les gens ne se limitent pas à cela, et non, ils ont aussi des "conversations de suisses". C'est-à-dire, ils parlent de personnes qu'ils connaissent tous. Les êtres humains dont je parle sont tous nés ici, ou presque, dans un rayon de 50km autour du village où nous venons en classe. Ils se connaissent tous, ou du moins ils connaissent les mêmes personnes. Et ils en parlent. Par exemple, soudain apparaît dans la conversation le nom de quelqu'un, comme ça : 
   - Elle habite à Autigny ? demandera un autre.
   - Non à Autafond.
   - Ah ouais, je vois c'est qui.
   Et puis ils se marient tous entre eux... Revenez dans un siècle, ils seront tous dégénérés...
   Après, poursuivant dans le ridicule terrible, quand ils ont fini de parler de cet individu, comme ils n'ont plus rien à se dire, tout le monde sort son natel (téléphone) de sa poche.
   J'ai l'impression de perdre mon temps à des discussions comme celle-là. Une 60mn de pause le midi c'est vraiment trop long. 

   Et comme je n'ai pas tellement de temps à perdre je vais en rester là...