Les humeurs changeantes d'Antigone

   Enfin en week-end... ! Mon premier week-end depuis une éternité... En plus je n'ai quasiment pas de devoirs : juste un peu de philo, un texte à lire et des questions, c'est vite fait. Il faut aussi que je révise un peu de maths, mais ça ne m'embête pas, c'est des matrices, j'aime bien ça. Le truc que je ne supporte pas c'est la géométrie dans l'espace. 
   J'ai du temps, autant en profiter pour parler de cette rentrée. Il n'y a rien de nouveau par rapport à l'an dernier, sauf le nombre d'élèves de la classe : 15, ça a bien augmenté : quand j'ai débarqué là-bas en octobre de l'an dernier, ils étaient 6 dans la classe. De tous mes profs, le seul que je n'avais jamais eu est celui de philo, tous les autres sont les mêmes que l'an dernier, qui enseignent les mêmes matières. La classe dans laquelle nous sommes est aussi comme une nouveauté au niveau de la vue. J'avais déjà eu des cours dans des salles situées de tous les côtés du bâtiment sauf de celui-là : un champ avec des vaches et un arbre qui est vraiment très beau. Au moins on a pas le bruit de la circulation, routière ou ferroviaire. L'une des vaches semble ne pas aimer la philosophie : hier elle n'arrêtait pas de meugler. Vive la campagne !
   Un autre changement, c'est celui de la piscine où nous irons cette année. Cette année le trajet pour y aller durera 30 minutes, on va carrément dans la montagne dans une station de ski... Ils n'ont pas trouvé de place plus près. Heureusement y'aura que 6 séances de natation, nageant comme un fer à repasser et ne prenant pas la piscine au bac, je ne vais pas m'en plaindre.
   J'ai des horaires pas trop mal : je finis tous les jours à 4h sauf le lundi à 6 heures. Y'a des trucs pas super, par exemple d'avoir 4h de philo le même jour (et de devoir en faire 8h par semaine alors que je suis en ES), sinon ça va. Je n'ai que 5h d'SES : je sens qu'on va bosser, malheureusement pas comme l'an dernier où on passait la moitié des cours à parler de tout et de rien avec la prof, d'autant plus qu'elle est enceinte et qu'il n'y aura pas de remplacement. Je me félicite d'avoir les maths en spécialité...

   Je me sens stupide de n'être pas bien en ce moment... C'est qu'il y a des choses qui m'ont déçue, au sujet de ceux que je considère comme mes amis : mes camarades de classe. Ils n'ont rien fait pour moi, alors qu'ils voient tous bien que ça ne va pas trop. C'est ce qui m'a rendue encore plus malheureuse, presque pas un mot. Je comprends qu'ils ne veuillent pas m'entendre raconter mes histoires pas très gaies, mais pas que personne ne me demande juste comment je vais, personne n'essaie juste de me remonter le moral un tout petit peu. L'Indiscret est vraiment pas sympa avec moi en ce moment, maintenant il veut faire son TPE tout seul alors qu'on avait toujours dit qu'on le ferait ensemble. Je ne sais pas ce que je lui ai fait, pourquoi il me déteste à ce point. Ce qui n'arrange pas les choses, c'est les imbéciles qui s'amusaient hier à dire que l'on s'aime. Résultat, pour prouver le contraire, il est encore plus saleau avec moi. Je me sens toute seule. Comment leur faire comprendre, sans avoir l'air de mendier de l'affection, que j'ai un peu besoin d'aide pour me sortir de là ? Je veux pas de pitié. Le pire sentiment humain, c'est la pitié.
   Je pensais que ça irait mieux après la rentrée, mais je n'avais pas prévu une telle froideur de la part de ceux que j'aime bien. 
   Fin de l'apitoyage (apitoiement) sur soi-même, je sèche mes larmes pour que ma mère ne puisse pas voir que j'ai pleuré, je me colle un sourire sur la tronche et je décide d'essayer de régler mes problèmes avec cet Indiscret avant la fin de la semaine prochaine. C'est qu'un mauvais moment à passer. Je vais y arriver.