Les humeurs changeantes d'Antigone

Ça pleure la nuit parce que ça se sent tout plein seul, et tout plein de détresse. C'est pas bien gros, ni très grand, ça se recroqueville, et ça laisse venir ce que ça a refoulé toute la journée. Ça gratte, ça gratte, jusqu'à ce que ça saigne, ça se répète les choses mille et une fois, jusqu'à ce que tout soit bien assimilé, jusqu'à être sûre que cela ne pourra plus jamais faire mal. Puis, les joues trempées, ça se murmure tout doucement les choses que ça aimerait entendre, ça s'imagine avec sa petite main dans celle de quelqu'un de fort, ça s'imagine avoir quelqu'un à qui se confier, à qui faire confiance, puis ça sombre dans le sommeil avec une vague impression de bonheur. [Ça sera jamais pire que les gosses et leurs "ami imaginaire"…] Juste besoin de compter pour quelqu'un, d'avoir quelqu'un qui compte, quelqu'un avec qui ça se sente en confiance. Trop maladroite. Incapable de se sentir à sa place nulle part. Sait pas comment aimer les gens, comment s'en faire aimer. Et puis ça fait les conneries que ça ne devrait absolument pas faire, et le pire, c'est que ça sait que ce n'est vraiment pas bon, mais ça s'en fout complètement. Ça se dit que sa vie est foutue, mais qu'bof, on sait jamais, et qu'on leur montrera, hein ! et pourtant ça se laisse massacrer, comme si ça savait qu'il n'y avait plus rien à espérer (ça n'y croit pas encore, ça se débat vaguement, mais putain, qu'est-ce que ça a mal…).
[C'est encore une toute petite fille, et avant peu ça écrira des chansons à la Lorie.]