Les humeurs changeantes d'Antigone

brrrr brrrrr... vibration d'un natel sur une table. tip tip lecture d'un sms. chklong ! bruit d'une vieille poignée de porte. snifff sniff, reniflage et larmes dans le couloir. — J'peux sortir m'sieur ? amie consolatrice. — Voilà pourquoi les natels sont interdits en cours… prof cynique.

Situation de crise ! J'ai cru que ses parents, ou son copain, avait eu un accident, ou même était mort. Mais j'imagine toujours les pires scénarios. J'avais du mal à comprendre qu'on puisse se mettre dans un état pareil pour un simple risque de plaquage. Mais bien sûr, je ne peux pas imaginer, alors puisqu'on ne peut pas critiquer ce qu'on en connaît pas j'ai imaginé : s'Il m'avait aimée longtemps, longtemps… et qu'Il m'avait quittée ? Je ne sais pas à quel point je tenais à Lui. Donc je renonce à me moquer, j'en ai même pas envie. (Faudra que j'arrête les majuscules.) Je compatis, un peu hâtive de connaître ces douleurs là, pour voir, savoir si cela peut me toucher. Ça me ferait rire, je le crains.

C'est dans ces moments-là qu'on se rend compte de la chance qu'on a de n'avoir pas de copain.

Mais côté stratégie, c'est pas bon de se mettre dans un état pareil parce que le mec que l'on aime menace de rompre. Il sait parfaitement qu'elle a besoin de lui et il va en profiter. Et puis ça fait peur de savoir que quelqu'un est dépendant de lui, pour un mec, ou même n'importe qui en général.

Sinon je crois que la psy en a marre de moi. M'en fout, j'en ai marre d'elle, et puis aussi de ma foutue pudeur qui m'empêche de lui sortir tout ce qui me fait mal… Alors aujourd'hui ça a duré 30 mn au lieu de 45 ; elle m'a dit au revoir puis elle est partie aux chiottes, je crois. Elle m'a obligée à passer un coup de téléphone qui me faisait tellement peur que j'avais dû payer ma sœur pour qu'elle le fasse, juste hier. J'y suis arrivé sans problème, même quand cette stupide secrétaire m'a demandé si je n'avais pas déjà appelé hier, j'ai menti. Au lieu de dire des trucs significatifs je me raccroche à la peur du téléphone et à ma haine des vendeuses dans les magasins.

Peut être que quand elle me demande comment ça va je devrais lui répondre que cette semaine j'en ai eu un peu marre de vivre, que je me suis défoulée sur mon bras droit, que je n'arrive plus à travailler et que j'ai l'impression que je suis foutue… On verra ; rendez-vous le 18 mars.