Les humeurs changeantes d'Antigone

Je voudrais essayer de me comprendre… Et c'est trop difficile ; à l'aube de commencer à nouveau une étude sur moi-même, je suis déjà lassée. Je ne suis pas quelqu'un de "bien", j'ai l'impression de n'avoir pas ma place dans ce monde, j'ai l'impression de chercher toujours quelque chose qui n'existe pas…

"Regardez-la, qui rêve, encore et pour toujours…
D'Où vient-elle ? Qui est-elle ? Pensez-vous qu'elle le sache…
à Quoi à Qui songe-t-elle ? Pensez-vous qu'elle le sache…
Regardez-la, qui cherche, encore et pour toujours."
J'ai écris ces "vers" il y a un an et demi. A l'époque ils m'avaient parus bons ; je les exècre aujourd'hui.

Il n'y a aucun moyen de savoir ce qui se passe. Les choses que je ressens me semblent indécodables. Peut-être que je ne ressens rien. Je suis un monstre. Insensible. Associable. Maladroite. Sauvage. Egocentrique. Je n'ai jamais rien su faire. Je n'ai jamais su montrer quoi que ce soit. J'ai toujours été plus préoccupée par ma petite personne que par n'importe qui d'autre. Je serais incapable de donner ma vie pour qui que ce soit. Sauf pour quelqu'un qui m'aimerait, mais c'est impossible que ça arrive jamais. Je sais ressentir mais je ne sais pas le montrer et même pas le comprendre moi-même. Inadaptée.
Parfois, je suis là, dans le monde, mais j'ai l'impression de ne pas y être. Comme si je volais, comme si je n'étais là que pour regarder, comme si je n'existais pas, comme si rien de ce qui ne se passe autour de moi ne me regardait… Fantomatique. Il m'est arrivé de penser que je n'existais pas. Que je n'étais qu'une idée, qu'une idée née de je ne sais quoi, qu'une idée laissée au hasard, une idée qui n'aurait pas été développée, une idée balancée en trois mots sur un petit bout de papier qui s'est envolé et que l'on n'a pas su retrouver…
Je sais que j'existe, je sais que je peux dire des choses que l'on entendra, que je peux écrire des mots que l'on lira, que je peux faire des gestes que l'on verra. Je sais dire des mots qui blessent, mais je ne sais rien dire qui soigne. Je sais écrire des phrases sans queue ni tête, mais il m'est impossible de construire quelque chose qui tienne la route. Tous mes gestes sont insignifiants.
Ancienne gamine solitaire, j'ai derrière moi 6 ou 7 années pendant lesquelles je n'ai parlé qu'à moi-même, ou si peu à d'autres personnes que cela ne compte pas. J'ai besoin des autres, mais saurais-je l'avouer, me forcer à le reconnaître quand la solitude est si bonne ? Oui, je sais que je saurais, j'ai su parfois, mais je n'ai jamais su si j'avais bien fait.

Pourquoi suis-je devenue cette chose presque inhumaine ? Et comment ?
Pourquoi m'est-il si difficile de faire marche arrière ?
Pourquoi ces problèmes ressurgissent quand je pensais les avoir enterrés ?

Tout ça date d'il y a deux jours. J'avais pensé le garder un temps puis l'effacer. Finalement non. Par soucis d'honnêteté envers moi et ceux qui me lisent(parmis lesquels certains me "connaissent" (ce qui ne vise pas à autoriser la lecture de ce journal à ceux qui n'en n'ont pas reçu le droit (l'Indiscret en particulier))), je le met ici quand même.