Les humeurs changeantes d'Antigone

   "Je sais pas si tu rends compte que celui que j'aimais et qui m'aimait a refusé de me faire l'amour alors qu'il en crevait d'envie et moi aussi. Pourquoi ? Simplement parce qu'il disait que j'allais regretter, que la première fois c'était important, et que j'allais jamais le revoir. Il disait qu'il voulait pas me prendre ça."

   Cela, j'ose le dire. Pour me justifier.

   Mais la suite… :  

"Alors oui, parce que celui-ci s'est sacrifié, je ne vais pas laisser n'importe qui me toucher ; alors bordel de merde, ton albanais qui me comprend à peine quand j'ouvre la bouche, il peut toujours rêver pour qu'un jour je finisse la nuit dans son lit."

   … j'en suis incapable. De même que :

"Comment fais-tu pour t'amuser avec des mecs dont le seul rêve est cette bagnole, là sur le parking ? Avec des mecs de plus de 25 ans, vivant avec leur copine avec laquelle ils ont des gosses, dont la seule ambition du samedi soir est de ramener une gamine de 19 ans un peu inconsciente dans leur pieu ? Avec des mecs qui ne te demandent pas de sortir avec un sourire le samedi soir, mais plutôt en mini-jupe ? Avec des mecs qui, quand ils te parlent, ne te regardent pas dans les yeux mais plutôt dans le soutif ?"
   Je suis une vraie cruche. Je veux pas lui dire ça. Elle est la seule qui me propose de l'accompagner dans ses sorties. Puis vous savez à quoi je pense pendant ce temps ?
"Alors on va danser faire semblant d'être heureux

Pour aller gentiment se coucher mais demain rien n'ira mieux […]
Alors elle va danser faire semblant d'exister

Qui sait si l'on ferme les yeux on vivra vieux" Saez
   Bien sûr.
   Je ferais semblant, demain au souper de classe, en boîte samedi.
   Pourquoi n'y vas-tu simplement pas ?
   Je ne vais pas m'auto-exclure quand j'ai tellement de mal à m'intégrer à moitié. Qui sait, peut-être qu'à force cela m'amusera. Mais pour l'instant…
   Comment ils font pour trouver cela amusant ? Pourquoi moi je me fais chier en boîte ? Pourquoi j'ai eu envie de pleurer quand ce con m'a dit que samedi soir je n'aurais qu'à venir dormir chez lui ? Et pourquoi j'ai les deux pouces en sang ? Et pourquoi tout à l'heure avec le rasoir, sous la douche, j'ai eu envie d'étendre tout cela aux avant-bras ? Pourquoi je sais toujours pas où elle est ma petite place dans le monde où je me sentirais bien ? Pourquoi j'en l'impression qu'il n'y en a pas ?
   Puis pourquoi personne peut répondre à mes questions ? Puis pourquoi personne n'est là pour me prendre dans ses bras et me dire là là tout va bien aller ? 

   Beurk, j'aime pas ce post. Hier tout allait bien. Demain me fait peur. Et après aussi.