Feux de l'Amour
Il l'intriguait. Depuis qu'il l'avait hélé et le lui avait présenté, dix minutes plus tôt, elle se creusait la cervelle. Où et quand avait-elle pu rencontrer cet homme bien mis, qui semblait si sûr de lui, au charme indéniable ? On ne le lui avait présenté que par son nom de famille, mais il était on ne peut plus courant : Martin. Elle se souvint… Elle en avait bien connu un, au lycée, dans son adolescence, mais c'était déjà bien loin ; son prénom lui revint, et elle se le répétait intérieurement, s'interrogeant : "Arthur ?". C'était impossible, après 15 ans, de l'avoir là, devant elle, en chair et en os, elle n'osait prononcer ce prénom à voix haute, mais se remémora toute l'histoire, ce qui la fit sourire. Il s'était aimés, mais jamais simultanément, d'abord elle, à 15 ans, il était dans sa classe, mais était plus jeune qu'elle car avait sauté une classe, puis il avait déménagé après qu'elle lui eut avoué des sentiment qu'il fut désolé de ne pas partager. Ils avaient correspondu pendant un an et demi, jusqu'à ce qu'il vint lui rendre visite pour lui déclarer son amour ; elle l'avait rembarré, son cœur s'étant depuis longtemps déjà tourné vers un autre. L'assiduité de leur correspondance n'était plus la même, mais ils avaient continué à s'écrire jusqu'à ce que sa dernière lettre lui revienne avec la mention "destinataire inconnu". Elle avait alors posé la missive au-dessus de toutes celles qu'elle avait reçues de lui au cours de leurs 3 ans de correspondance, dans la boîte qui les contenait et en avait remis le couvercle ; la boîte devait encore se trouver dans la cave de la maison de ses parents.
— Alors ? L'affaire est conclue ?
La voix de son interlocuteur la ramena brusquement à la réalité.
— Oui, bien sûr, si nous sommes enfin d'accords.
Elle n'en espérait pas tant, et même s'il n'était pas celui qu'elle avait connu, elle avait envie d'embrasser ce M. Martin qui avait convaincu cet acheteur qui hésitait depuis plus de deux semaines. C'était une bonne affaire. Elle ne put s'empêcher de se demander si elle devait ce contrat à un physique agréable, incapable qu'elle était de se reconnaître d'autres mérites que celui d'un visage avenant et d'une poitrine généreuse.
Le contrat signé, l'autre partit rapidement, non sans avoir longuement remercié Martin pour ses "conseils judicieux". Elle se sentait mieux depuis qu'il était parti : c'était le genre d'homme qu'elle ne pouvait supporter. En deux repas en tête à tête il avait vidé pour elle tout son répertoire de blagues plates et d'histoires ringuardes dont il était à chaque fois le héros tout puissant. Sans la tension de ce contrat qu'elle voulait qu'il signât, elle se fut vraiment ennuyée. Elle ne put réprimer un long bâillement pendant lequel lequel son visage prit un air enfantin qui attendrit Martin qu'elle vit sourire malgré sa vue rendue floue par les larmes que son bâillement avait fait surgir au coin de ses yeux. Il semblait sympathique, elle se demanda quels étaient ses liens avec celui qui venait de partir.
Voulait-elle qu'il la raccompagnât ? Elle accepta, bien décidée à connaître son prénom. Elle n'eut pas à attendre longtemps : sitôt hors du restaurant il lui demanda s'ils pouvaient enfin cesser cette comédie.
— Arthur ? interrogea-t-elle.
— Qui d'autre, Emilie, qui d'autre ?
Ils tombèrent dans les bras l'un de l'autre, incapables de se dire la moindre chose. 15 ans s'étaient écoulés depuis leur dernière lettre ; toute une vie. Elle apprécia d'être collée contre cet homme ; cette soirée l'avait glacée et elle se sentait renaître dans la chaleur qui l'envahissait.
— Alors ? Que deviens-tu ? lui demanda-t-elle enfin.
— Il faudrait que je puisse te résumer 15 ans en 2 phrases… J'avais 16 ans la dernière fois que tu m'as écrit, maintenant ça m'en fait 31…
— Alors dis-moi juste ce que tu es maintenant…
— Veuf, papa d'une petite fille de 2 ans.
Elle en resta muette, puis murmura :
— Ça fait longtemps ?
Sa femme était morte en mettant leur fille au monde, il s'en remettait doucement.
— Viens chez moi, lui dit-il, je te présenterais à Laura, tu verras, elle est adorable…
Elle accepta, puis enfin il lui demanda ce qu'elle devenait, elle. Ce qu'elle avait vécu pendant toutes ces années lui parut insignifiant, avant même qu'elle n'ait ouvert la bouche pour lui raconter. Cependant elle lui expliqua en quelques mots qu'elle avait rencontré à 20 ans un homme qui fut d'abord son ami, puis dont elle fut la maîtresse pendant 10 longues années. C'était une relation dans laquelle il n'avait jamais été question d'avenir, ce qui ne l'avait pas empêchée de s'y investir, corps et âme, espérant toujours que celui qu'elle aimait malgré elle finirait pas quitter sa femme, qu'il avait toujours déclaré haïr. 6 mois plus tôt il était définitivement parti vivre sur un autre continent, tandis qu'elle s'efforçait de faire le deuil d'une existence qui n'avait laissé pour traces que ses seuls regrets, et le vide dans son cœur.
…
Excusez… J'ai gardé deux gamines hier soir, et je n'avais pas envie de travailler une fois qu'elles ont été couchées, alors j'ai laissé mon esprit divaguer et j'ai écrit une jolie petite histoire à la Feux de l'Amour. C'est pas fini, je verrais ça à un prochain baby-sitting, si j'ai envie de continuer. C'est terrible comme je me la fais vraiment série télé, je fais même durer le suspens. Pas trop motivée pour écrire ces temps, ni même pour rien faire. C'est pas que je m'ennuie, mais plutôt que moi m'ennuie. Je me sens vraiment trop nule, et avec l'impression de ne rien faire de bien, d'être vraiment inintéressante.
Bof, pas grave, ça me passera (j'espère).
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pierroleouf
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bon, puisque c'est toi...on t'excuse ;-) en espérant que "c'est" déjà passé, gros bisous !
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snodgass
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t'as fini t'es pas nulle m'enfin!!!!!!!!!
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Naelia
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Coucou Antigone.
Il est très bien écrit ce texte. T'es pas du tout nulle!!!!
Bisous
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à 21:35