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Les humeurs changeantes d'Antigone


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déprime postbaccalauréèsque
--> c'est terminé
    Ça m'est venu tout à l'heure, simplement, alors que j'essayais de m'en convaincre depuis ce matin, 8h55, quand je suis sortie de la salle d'examen, que j'ai quitté cette folle aux mille questions, je suis en vacances. Tout à l'heure, simplement, à cause de la lumière du jour mourant, et de l'odeur de la pluie, je me suis rendue compte que j'étais en vacances. J'essayais plus tôt, dans le bus, puis dans le train, puis chez moi, mais voilà, ça ne me faisait pas même sourire. Ça m'attristait plus qu'autre chose, je hais les trucs qui s'achèvent… Autant que dans mon périple vers cette petite ville paumée j'aimais mes actes simples, le pied devant l'autre, les doigts sur l'automate à billets de train, les regards à droite à gauche dans une gare qui m'était inconnue, le soleil qui brûlait mes bras, le sac qui me cisaillait l'épaule, autant en sortant du lycée j'ai ressenti une sorte de tristesse en me disant c'est fini. Allez comprendre ! Je serais tentée de mettre tout cela sur le compte d'une certaine baisse de mes taux hormonaux, mais j'ai la conviction qu'il n'y a pas que ça : c'est la faute de mon "âme mélancolique" dirait Voltaire comme il le fit au sujet de Rousseau…

   Je dois l'avouer, j'aime prendre le train, le bus… faire des petits voyages comme ça, toute seule, repérer le nom des petits villages perdus, le nom des gares… Toutes ces petites conneries je les fais à la recherche de marques du passé. Par exemple, quand on passe dans une gare, je regarde toujours si le panneau avec le nom est en métal ou en plastique. Je préfère les voir en métal, m'imaginer le bruit que cela ferait de taper dessus. C'est un son que j'entends toujours comme clair, pur, retentissant dans tous les petits villages… Je dois être complètement folle. J'aurais aimé vivre au 20ème siècle, j'aurais aimé connaître Saint-Exupéry, être pilote d'avions à l'époque où cela ressemblait encore à une aventure…   
   Cet oral de français… J'ai eu le texte que j'avais déclaré hier soir être sûre d'avoir mais qui me ferait égorger le prof. Baudelaire, "Correspondances", "En quoi ce poème est-il un art poétique?" Merci pour la question obscure que je n'ai pas même comprise tellement elle était pas normale… Variante : "En quoi cette chanson est-elle un art musical?" C'est une question simple, d'accord, mais c'est pas clair du tout, et j'aurais presque tendance à croire que ça ne veut rien dire. 
   M
ais tout ça, c'est pas grave, parce que… fini le français ! Et la tête du prof de français quand j'ai dit ça… C'est mortel comme on peut leur faire du mal à ces petites personnes, sans le vouloir, ou en le voulant presque pas… Ça doit les tuer, eux, de penser qu'ils se font chier toute l'année à nous apprendre des trucs qu'ils rabâchent depuis la x-ième fois, et qu'en 20 minutes on évacue tout pour ne plus jamais vraiment y repenser de toute notre vie, sauf si on devient prof de littérature…

   A part ça, dans le couloir j'ai vu le crétin dont je parlais dernièrement, et je l'ai ignoré, en fait, même pas, j'ai fait comme s'il n'était pas là, comme si je ne l'avais jamais connu, j'ai fait comme lui, en fait. J'en avais assez de faire sans cesse la personne la plus intelligente entre les deux, je me faisais du mal pour rien. C'était réfléchi, si je lui parlais, je risquais de m'énerver, et de perdre le peu d'honneur qu'il me restait après m'être abaissée à lui écrire. Là, je me suis comportée comme une personne sans courage, c'est vrai, mais au moins, dans mon esprit, et dans le sien j'espère, c'est moi qui ai gagné, car après tout, je me suis rendue en dernier, c'est lui le premier à avoir renoncé à l'action quand il n'a pas répondu à mes lettres… Et puis, dans mon dédain, j'étais superbe, pas même un œil sur lui… Et ce, sans faire la petite chose blessée. Bref, j'étais Antigone, vraiment, profondément.  

   Mon bilan pour ce bac est très mitigé… J'ai vu de beaux paysages, j'ai crevé de chaud, j'ai rencontré diverses sortes de douaniers, et je me suis plantée comme une grande professionnelle… La plus grande réussite, c'est d'avoir prouvé à mes parents mes capacité de débrouillardise (ils étaient sûrs que j'allais me perdre…). Enfin, peut-être, vont-ils réaliser que je ne suis plus la petite fille pour laquelle ils me prennent toujours… Dans mes rêves, ça.
   L'indiscret prétend qu'il s'est planté aussi, ça m'a énervée qu'il puisse oser dire ça, alors que c'est le genre de spécimen qui se fait des 17 en bac blanc… Pour rendre insupportable la vie des gens, il s'y connaît bien : à cause de lui, je crois que je ne dormirais pas jusqu'aux résultats. Parce que, si monsieur ose dire qu'il a raté, alors moi, j'ai fait quoi ? On va me remettre un diplôme certifiant que je dois passer ma vie à l'asile de fous ? Je sais pas trop quoi penser de tout ça ; le mieux serait de ne pas penser, d'oublier, de se payer une petite déprime le jour des résultats, et de se motiver pour faire des supers bonnes notes en terminale…    

Ecrit par Antigone, à 00:33 dans la rubrique "Du rien sur un tas de vide".



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