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Les humeurs changeantes d'Antigone


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Ce que j'ai écrit à A*****

   Voici le texte dont je parle dans l'article qui est juste au-dessus, que j'ai envoyé à A*****. Pour lui dire quoi ? Je ne sais plus trop. Une envie d'agir, je crois, d'essayer d'aller contre une réalité inéluctable, celle qui amène à la certitude que je ne lui parlerais plus jamais.  

 

Jeudi 16 octobre  

 Tu trouveras peut-être ça idiot. Et ça l'est sans doute. (En plus ça risque d'être long). Tant pis. Après tout, y'a plus rien à perdre, je crois.
   Avec msn on arrive pas à se parler, alors qu'en face l'un de l'autre ça allait très bien (du moins c'est l'idée que je m'en fais, et je sais qu'une semaine c'est rapide pour juger de cela). Ça m'énerve que ce soit comme ça, et qu'en plus si peu de temps ait suffit pour aboutir à la conclusion (d'un autre point de vue, ça fait quand même un moment) que toute tentative de communication entre toi et moi était irrémédiablement vouée à l'échec.
   Encore ce soir, je me dis qu'il aurait fallu que je prenne le temps de savoir pourquoi toi aussi tu trouvais cela normal que nous n'ayons rien à nous dire (j'ai le sentiment qu'on en n'est pas encore arrivés au stade de la transmission de pensée, ainsi comment savoir si nous partagions ces raisons-là ?). [Comme l'impression que j'aurais pu formuler ça plus simplement.]
   En Allemagne je parlais tout le temps… Soûlante, la ptite Antigone ! C'est vrai. Donc, en toute logique, pour ne pas inverser la tendance, c'est moi qui devrais parler encore, et toi m'écouter… Mais maintenant y'a plein de choses qui ont changé. N'oublies pas que tu avais affaire à une fille amoureuse (le pire cauchemar, bien entendu), [et là je m'apprête à dire une jolie connerie…] enivrée par ta présence [me roule par terre en riant tellement c'est con], ce qui amène à dire que ce n'était pas cette fille qui était soûlante, mais toi ! [Et je joue avec les mots jusqu'à m'être totalement disculpée.]
   Que tu le crois ou non, je suis timide. Tu sais de quoi ça a peur quelqu'un de timide ? Du silence. Le silence c'est l'échec. L'échec enracine davantage la timidité… [ma théorie].
   Après cette splendide digression, je reprends à "y'a plein de choses qui ont changé". Je n'ai plus envie de t'embêter avec mes "problèmes" et les avalanches de mots qu'ils suscitent. T'avais pas mérité d'être nommé témoin de mes souffrances. Si si, c'est un rôle qui se mérite, et duquel il faut se montrer digne… Plus sérieusement, j'ai vraiment abusé de ta patience.
   Tu sais que j'aimerais être encore en Allemagne, te taper un peu dessus, puis te dire excuses-moi. Et te regarder pour établir une complicité entre nous deux, comme tu disais si bien.
   "C'est la vie" comme on dit aussi. Bien sûr, et c'est normal que tout ne soit pas comme je voudrais, bien sûr.
   De quoi devrions-nous parler ? De tout et de rien, je pense. Et en disant cela je me rappelle combien cela est difficile, surtout entre un garçon et une fille, expérience faite pendant plus de deux ans : je lui racontais beaucoup de ma vie sans jamais vraiment rien savoir de lui. Je suis complètement impudique, faut croire. Trop ouverte ; je crois que c'est toi qui avais dit ça.
   P't'être qu'il faudrait tout recommencer à zéro.
Reprendre à Ich heisse Antigone , bin 18 Jahre alt. Ich lebe in der Schweiz, und später möchte ich Schreiberin werden. Et à : Ich heisse A*****, bin 17 Jahre alt. Ich lebe in Franckreich. Später möchte ich Journalist werden.
  
Tu peux tout à fait me dire que c'est con, et cela sans "impression d'être incorrect avec quelqu'un que tu aurais peut-être involontairement blessé." Possible que nos problèmes de communication viennent de ta perpétuelle peur de me blesser. Peut-être que je n'en donne pas l'impression, mais je suis forte, finalement, et si l'idée que tu as de moi est que je ne suis qu'une pauvre dépressive qu'il faut manier prudemment, détrompes-toi.
   Tu peux être direct avec moi sans rien craindre. Si tu me dis que tu préfèrerais que je t'oublie, j'encaisserais. On se remet de tout, même du pire (et sans doute je ramasserais 20 fois pire au cours de ma vie).
   Je suis attachée à toi ; tu as dû le remarquer, même si tu ne le comprends pas. Difficile, probablement, d'admettre qu'une fille, plus âgée que toi, de surcroît, ait pu éprouver des sentiments, somme toute assez forts, pour toi. Difficile aussi peut-être d'avoir confiance en des sentiments survenus si soudainement.
   Attachée, mais pas accrochée. Y'a une sacrée différence. (= si je lâche, je ne m'écrase pas par terre).

   Trois mois et deux semaines en arrière, je ne te "connaissais" pas ; et la dernière fois que je t'ai vu, c'était il y a trois mois. Vu en chiffre, tout cela paraît encore plus stupide ; tu n'as pas tort de penser que ça l'est.
   Je me suis sacrément égarée, je ne sais plus où je voulais en venir…
   J'aurais voulu, sûrement, que tu comprennes que tu étais quelqu'un d'important pour moi.
   Voilà, je crois, c'est tout. Mais ça n'aboutit à rien du tout. Pourtant j'en ai dit des choses…
   [Relecture depuis le début]

   C'est ça, je me souviens. Faut décider quelque chose : est-ce qu'on arrête totalement toute tentative de communication ou est-ce qu'on essaie de remédier à la bizarrerie de notre relation ?  Je connais mon avis sur la question. A toi de décider (Quoi que tu fasses, je ne serais PAS blessée.).

 

   Vendredi 17 octobre

   Voilà. Tout recopié, et c'est un sacré bordel cette missive. Même moi j'ai du mal à tout comprendre.
   En gros, je crois que ce qu'il faut comprendre c'est que je t'aime bien, que j'aimerais bien aussi qu'on puisse se parler un peu parce que je demeure (peut-être utopiquement) persuadée qu'en théorie on devrait y arriver (mais la pratique a démontré le contraire) donc je ne sais plus trop quoi penser. Je pense aussi qu'une des choses qui ne va pas dans cette bizarre relation c'est que de ton côté, il n'y a presque aucun détail sur moi que tu ne connaisses pas alors que moi j'ignore 99% de ce qui te concerne. Le déséquilibre est trop grand. Possible que ce soit la faute de mon joueb.
   Là encore, avec cette tartine à la con, j'alimente le déséquilibre. Tu sais tout de ce que moi je pense, et moi je ne sais rien de ce que toi tu penses. Comme d'habitude en fait.
   1050 mots pour dire quelque chose qui aurait parfaitement pu être dite en 20… Désolée.
Antigone

Ecrit par Antigone, à 17:15 dans la rubrique "Du rien sur un tas de vide".



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