Les humeurs changeantes d'Antigone

Et si je tirais un trait. Oubli. Effaçage / déchirage de photos. De souvenirs vrais. De souvenirs reconstitués. De souvenirs inventés. De ce que je pensais capable de me donner un peu de bonheur. Si j'avais du être autre chose, j'aurais voulu être lui. Et ceci explique cela, mais ça n'explique rien. Et même pas d'esquisse de majuscule. Alors… j'oublie… mais parce qu'il faut toujours faire croire qu'on n'a pas la tête vide, je rajoute des détails à des mensonges antiques. Peut-être que si je termine chaque journée tellement épuisée, c'est à cause de toute l'énergie que demande mon théâtre de chaque instant. Ce sont les mensonges qui gardent en surface des sentiments bien morts. Quoique… Pas fait exprès : Joan Baez, fallait pas, fallait pas… et je le savais très bien. Mais bon, c'pas grave… "Est-ce qu'il y a quelqu'un qui a oublié de mettre ses pantalons ?" demanda le prof d'allemand au début du cours. Il voulait dire chaussons, mais on doit être tellement lents qu'incapables de comprendre de quoi il voulait parler. "Les femmes, c'est des trucs pratiques." déclara le prof de maths, qui nie en bloc lorsqu'on le traite de macho. Et c'est bientôt fini, bientôt dehors de cette école. Et je regretterais un peu. Demain c'est férié, on fait cours quand même, les terminales, on avait pont vendredi, on y va quand même. Dans le fond, on doit bien l'aimer quand même, cet endroit.

(C'est moins risqué d'aimer des lieux.)