Les humeurs changeantes d'Antigone

Le bilan de la semaine est assez positif… Depuis que mon coup de déprime de jeudi après-midi est passé (il devait être dû au fait de n'avoir parlé à presque personne dans la journée) (de toute façon je déprime toujours le jeudi) ça va bien. En fait c'est depuis qu'il a commencé à neiger que je me sens mieux (plus tard j'irais vivre en Scandinavie, comme ça j'irais plus souvent bien ou sinon je ferais l'ermite ici, dans un chalet perdu à 3000 mètres d'altitude, comme ça j'aurais souvent du soleil et de la neige…) Le prof de maths aussi m'a mise de bonne humeur, il est parfois tellement bête, pour lui tout le monde est vraiment très intelligent, très intéressant et même moi je suis belle… (c'est pas sensé dire ça à son élève, un prof, non ?). Il est fou ce type. Il est étudiant en théologie, et le jeudi soir il a cours de droit canon, alors il me sort ses théories avec un exemple récurrent : "Si plus tard tu te maries avec l'Indiscret…" ("Vous inquiétez pas, on vous invitera, mais vous risquez d'attendre longtemps pour recevoir le faire-part…") Je ne me marierais pas avec ce type. On est bien trop différents pour ça, y'a qu'à voir notre grande discussion d'hier soir sur les théories hitlériennes et le port du foulard islamique… Je place trop d'attentes sur l'humanité à tel point d'en arriver à perdre tout réalisme ; lui, calculateur, il croit dans la recherche du profit comme seul moteur du monde. Dieu ? il a cru en lui pour l'argent qu'une première communion et une confirmation pouvaient apporter, moi j'y ai cru jusqu'à être capable de réaliser que la religion est la cause de 90% de la merde dans le monde. Et j'y crois peut-être encore, mais différemment de ce que l'on m'apprenait au catéchisme quand j'étais gosse et que ça me forçait à me lever le mercredi matin au lieu de rester devant la télé comme n'importe quelle gosse de 8 ans. En fait j'aimais bien ça, pour aller à l'église je faisais un trajet différent de celui emprunté tous les matins pour me rendre à l'école ; puis les cours de caté c'était dans la crypte et ça me foutait les boules d'y aller, mais j'aimais déjà bien avoir peur, et je me racontais des histoires en marchant dans ce petit coin de Paris, et sans doute qu'aujourd'hui encore je connaîtrais mes trois trajets : l'école, l'immeuble de ma meilleure amie, et l'église…
   'Fin, bref, je suis humaniste et rêveuse, je crois en l'Homme et l'Amour et tant pis si effectivement comme le dit l'Indiscret les deux seuls moteurs du monde sont le sexe et le fric, car mon âme ne voudra jamais y croire (même si mon satané cerveau sait que c'est le cas).
   [Et si bête que ça puisse paraître, je sais très bien que c'est ce qui me fait souffrir au fond de moi : savoir que ce en quoi je crois n'existe pas, et n'a jamais existé.]

   Vendredi j'ai parlé pendant 2 heures au Petit De13 Ans et je crois bien qu'il n'est plus amoureux de moi, mais sinon il m'aime encore bien ; il l'a répété au moins trois fois, puis il a été tout triste quand je l'ai fait réaliser que je ne serais plus à l'école l'an prochain… J'aime vraiment bien parler avec lui, je le trouve vraiment intelligent et mûr pour un mec de cet âge-là (c'est vraiment mieux de parler avec lui qu'avec sa sœur de 16 ans qui est parfois vraiment trop bête). Avec le petit on peut parler de tout, c'est plutôt lui qui parle et moi qui l'écoute, mais ça ne me dérange pas du tout. Je me sens utile et intéressante, et quand il me dit que les deux premières heures du vendredi matin sont celles qu'il attend toute la semaine, je me sens plutôt flattée. Enfin une relation agréablement innocente !

Et puis j'ai eu un 16,8 en histoire, alors je suis de bonne humeur pour le week-end, et motivée à travailler, puisque ça peut porter ses fruits (même si la moitié du contrôle qui était une synthèse de 300 mots à faire à la maison a été faite en 1/4 d'heure dans le bus ; ce qui me laisse imaginer l'impact qu'un minimum de travail pourrait avoir...) (mais le monde s'en fout)