Les humeurs changeantes d'Antigone

   Pourquoi Antigone ? Les seuls à me l'avoir jamais demandé, ce sont mes parents. En mai et juin dernier, c'était le pseudo que j'avais sur MSN, une idée qui m'était venue simplement : l'Indiscret se faisait appeler Vicomte de Valmont à l'époque, et Antigone c'était sûrement un moyen de me moquer un peu de lui, tout en insistant sur nos différences ; ça a dû me venir de là, alors, quand j'ai commencé mon joueb Antigone est le pseudo qui m'est venu le plus simplement, le seul de tous ceux que j'aurais pu prendre qui avait une signification pour moi, et dans lequel je commençais à me reconnaître ; je n'ai jamais eu de surnoms autres que dérivant de mon prénom. 
   Je la trouve attachante l'Antigone d'Anouilh, parce que malgré tout elle est vivante, elle pense, elle rêve, elle désire… La veille de sa mort, elle s'est disputée avec Hémon, parce que justement il avait rit d'elle, qui était venue le voir parfumée, maquillée, vêtue avec les affaires d'Ismène parce que : "J'étais bête. Je n'étais pas sûre que tu me désires vraiment et j'avais fait tout cela pour être un peu plus comme les autres filles, pour te donner envie de moi." Elle l'aimait et elle voulait être à lui. La vraie nature d'Antigone, ce n'est pas de se maquiller et tout et tout pour plaire aux hommes. Mais elle avait besoin de : "Et serre-moi. Plus fort que tu ne m'as jamais serrée. Que toute ta force s'imprime dans moi." C'est vrai qu'un homme qu'on aime ça semble si fort, tellement infaillible… Et puis elle avait besoin de sentir qu'elle existait dans le désir d'un homme [Comme moi, dans le fond.], avant de mourir c'est important de savoir que l'on existe, que quelque chose existe, et de s'en assurer avant le grand saut.
   "Tu m'aimes, n'est-ce pas ? Tu m'aimes comme une femme ? Tes bras qui me serrent ne mentent pas ? Tes grandes mains posées sur mon dos ne mentent pas, ni ton odeur, ni ce bon chaud, ni cette grande confiance qui m'inonde quand j'ai la tête au creux de ton cou ?"
   Elle avait un courage au-dessus de toute épreuve, et peut être que je l'insulte en lui prenant son nom, parce que moi, à sa place, je n'aurais jamais su me dégager des bras de celui qui m'aurait choisie, "maigre jeune fille noiraude et renfermée.".
   "Et notre petit garçon, Hémon ! Il aurait eu une maman toute petite et mal peignée - mais plus sûre que toutes les vraies mères du monde avec leurs vraies poitrines et leurs grands tabliers."
  Mes enfants à moi aussi, si jamais j'en ai un jour…, auront une maman toute petite et mal peignée, mais ça n'empêchera pas qu'elle les aimera.
   "Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte. On dirait des chiens qui lèchent tout ce qu'il trouvent. Et cette petite chance pour tous les jours, si on n'est pas trop exigeant. Moi, je veux tout, tout de suite, - et que ce soit entier - ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d'un petit morceau si j'ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd'hui et que cela soit aussi beau que quand j'étais petite - ou mourir."
   Elle voulait partir, puisque de toutes façons le monde n'était pas comme elle voulait. Mais pourquoi ne pas essayer de le rendre tel qu'on voudrait qu'il soit, au moins autour de soi-même ?

   Je me souviens d'une fille qui devait lire cette pièce pour le lycée, ça la faisait chier… Je ne pense pas qu'on puisse s'ennuyer pendant cette lecture.