Les humeurs changeantes d'Antigone

   Je n'ai jamais été particulièrement joyeuse comme personne, et je ne le serais sans doute jamais. Dotée d'une forte tendance à l'apitoiement sur moi-même et d'un profond mépris pour le monde qui m'entoure ("Le monde est en pleine dérive", pour m'auto-citer), je vois presque (faut bien nuancer) tout en noir. C'est mon état normal, je vais bien quand le monde dérive et que je me sens au-dessus de ça. Même sans être déprimée, je suis déprimante.  
   Pourtant, quand on l'étudie, ma vie n'est pas déprimante. Réflexion que j'ai eue hier : malgré sa platitude, elle est extraordinaire tellement elle est écartée de toute normalité. Je m'explique : il y a 10 ans, si quelqu'un m'avait dit qu'un jour je serais dans une classe par la fenêtre de laquelle on verrait des vaches, que le seul bruit que l'on entendrait pendant les compositions serait celui des cloches de ces dernières, qu'il y aurait un chien guide et qu'avant de pouvoir monter en classe il faudrait affronter des bonnes femmes vous matant les orteils : "Ce sont tes chaussons ?", je ne l'aurais jamais cru, et finalement…
   C'est de la folie, comme l'expédition à la piscine hier après-midi… L'école étant située en rase campagne (C'est dans leur pub :"Environnement à l'écart des nuisances", et vous, comment appelez-vous un paysan en train d'étaler du purin dans son champ ? Une nuisance.), il y a un mini-bus pour transporter les élèves jusqu'à la gare ou la ville. La chose a malheureusement été conçue pour transbahuter des mômes d'âge primaire (moi je m'en fiche j'ai la taille d'un gosse de 12 ans), mais pour des trucs genre des mecs de 18/20 ans, avec des grandes jambes, c'est pas terrible. Nous avons passé au moins 1h45 aller-retour dans ce bus, serrés comme des sardines, sans air, avec le prof de gym qui conduit comme un taré (il passe à travers les passages à niveau), le tout pour passer une heure dans l'eau.

   C'était pas une affreuse journée aujourd'hui, mais je me prépare psychologiquement pour demain qui sera difficile.
   Mon moral continue à remonter, lentement, mais sûrement ; je n'ai pas ressenti le besoin de pleurer depuis au moins 3 jours.