Les humeurs changeantes d'Antigone

C'est le genre d'article que j'aurais du écrire après une bonne nuit de sommeil, histoire de fournir une argumentation plus structurée et une réflexion plus poussée.

J'ai parlé de conditions d'emplois, mais en fait j'aurais plutôt du utiliser la rémunération. Il est évident que les 15 ou la Suisse ne connaîtront pas d'immigration massive, mais le flux de résidents étrangers en provenance de l'Est s'accroîtra tout de même dans les 10 prochaines années. Il y aura donc l'arrivée sur le marché d'une main d'œuvre peu qualifiée à bon marché dont certains employeurs (surtout pour l'agriculture, le nettoyage) se serviront. Mais en plus de cela, des travailleurs qualifiés en provenance de pays avec un niveau d'éducation élevé (comme la Pologne) entreront en concurrence avec les travailleurs qualifiés de l'UE actuelle : un ingénieur polonais serait sans doute prêt à travailler pour la moitié du salaire demandé par un ingénieur français. Leur arrivée sur le marché du travail nécessitera un permis de travail dans les premiers temps, mais progressivement, la libre circulation devra être étendue. (Et effectivement, adhérant ou non à l'UE, les accords bilatéraux entre la Suisse et Bruxelles, obligent la Suisse, après une période de transition, à laisser circuler librement tous les ressortissants européens.) En ce qui concerne l'immigration illégale, j'imaginais surtout les frontières de l'Est, par exemple celle entre l'Ukraine et la Slovaquie. Je pense qu'un douanier Slovaque, en échange d'une certaine somme d'argent, pourrait fermer les yeux sur le passage illégal d'immigrés Ukrainiens, pour qui l'entrée dans l'Union devait être plus difficile avant l'élargissement, et c'était de ce flux là dont je parlais (pas clairement, il est vrai). Il est nécessaire pour l'Europe de réformer ses institutions, à défaut de quoi elle sombrera dans l'immobilisme. Mais elle apporte tout de même du changement, au moins dans les mentalités, et représente (à mes yeux) l'avènement d'une nouvelle solidarité, justement parce que : "L'Europe offre aussi de gros budgets aux régions les moins avancées pour les valoriser." C'est en cette Europe là que je crois, celle qui permettra de réduire les inégalités, de construire un monde un peu plus juste. Mais je me demande où cela va mener ; à l'heure actuelle on sait que 20% de la population terreste consomme 80% des richesses produites, et qu'en continuant à ce rythme de production la Terre s'épuise (l'épuisement des réserves de pétrole s'amorce). L'élargissement de l'Europe qui contribuera sur le long terme à élever le niveau de vie des populations de l'Est va faire augmenter leur consommation... La planète peut-elle le supporter ? Saurons-nous partager nos richesses ? ... Cependant il vaut mieux pour ces pays un développement encadré par l'UE plutôt qu'un développement sauvage sans le moindre respect de l'environnement ou de la notion de développement durable (ainsi évitera-t-on d'autres catastrophes à la Tchernobyl). En ce qui concerne les cultures, malgré tous les financements et aides possibles, l'acculturation (par laquelle une société absorbe une culture au détriment d'une partie ou de la totalité de la sienne) reste un grand danger, certains pays ayant d'autres priorités que la lutte pour le maintient de leurs cultures. Le sentiment d'identification à une nation passe par la culture et principalement la langue. Lorsqu'un peuple sent sa culture, donc son identité, menacée, il se révolte, et les nationalismes s'exacerbent, ce qui pourrait représenter un danger pour l'UE.