Un peu comme de l'héliotropisme
Suis-je une salope ? demande-je d'un air vraiment tout innocent, sachant pertinemment que la réponse est oui. C'est vraiment nul de demander, d'un air tout gentillet, à quelqu'un que l'on a fait souffrir : "Dis, ça te dérange si je dors contre toi ?". Question posée, obtint un non pour réponse. 'Paraît que je ressemble à un p'tit bébé quand je dors. Je n'y aurais pas pensé. Mais c'est bien quand même, alors on se prend à rêver que c'est un autre, et alors c'est encore mieux. Profiteuse. Ça doit être un peu comme de l'héliotropisme, mais avec des phéromones (là je dois écrire une connerie, mais on peu pas demander à une ES de s'y connaître en physique et/ou en chimie, et/ou en bio) à la place du soleil. Curieux d'avoir tout fait pour récupérer ce qu'on s'était acharnée à éloigner de soi. Je ne savais pas trop ce que je voulais, d'habitude si ma peur d'être abandonnée me pousse à abandonner quelqu'un à qui je suis attachée je n'essaie pas de le récupérer après. C'était encore inédit. J'ai l'impression d'avoir joué avec lui, une fois de plus, je voudrais savoir m'en empêcher, ça doit être pour ce jeu de manipulation que je me déteste.
Et même si les premières me regardaient de travers (critiquer les "terminaux" est une heureuse activité), je dois bien avouer qu'être appuyée en demi-sommeil contre quelqu'un qu'on aime bien quand même, c'est un des trucs agréables de l'existence, ça donne chaud au corps et aussi à l'âme, et puis ça montre à celui contre qui l'on dort que l'on a confiance en lui. C'est de l'affection simple, et j'en ai beaucoup plus besoin que d'autre chose. C'est tout innocent.
"Vous devriez apprendre à vous aimer." [C'est tellement plus facile de s'aimer quand autrui que vous aimez vous aime. Faudrait que je me trouve un autrui à aimer.]
Je crois que je devrais arrêter avec cette psy. Je fais un blocage sur elle, elle m'énerve avec sa façon de me regarder en secouant la tête d'un air désespéré. Et puis ça m'étonnerait qu'elle me voie telle que je suis réellement. Je ne parviens pas à être honnête, quand elle commence à secouer sa tête (parfois, si je ne dis rien ça peut durer 5 minutes), je me sens obligée de dire quelque chose, même si c'est une connerie ou n'importe quoi. On va finir par psychothéraper (ou psychothérapier ?) des problèmes que je n'ai pas. Difficile de parler avec quelqu'un qu'on n'a pas vraiment choisi. Mes exercices pour la semaine prochaine : poser une question en cours (alors que je suis persuadée que si je n'en pose jamais c'est parce que je n'en ai jamais ressenti le besoin, pas que je comprenne tout, mais mes cours les plus importants ne se passent qu'à deux élèves, et je demande toujours quand je comprends pas) et demander un truc à une vendeuse dans un magasin de fringues (c'est d'un ridicule, oui, je hais les vendeuses, mais quand je veux un truc je le demande). Si j'y arrive pas elle viendra le faire avec moi…
Je me demande où ça mène ; j'ai l'impression de perdre mon temps. Et puis, sûrement que je ne suis pas forte pour expliquer ce que je ressens (parce que je sais bien que je ressens tout de travers), alors c'est de ma faute si elle dit que j'attends trop des autres.
— Quand est-ce que, par exemple, il vous arrive de vous sentir mal ?"
— Euh… ben… Par exemple quand je suis avec des gens et que ce qu'ils disent est profondément idiot, les conversations dites "de sourds" [pas les absurdes qui tournent en rond, parce que j'aime beaucoup celles-là]…
— Un exemple concret ?
— Entendre un imbécile se venter d'avoir gagné le pari de fumer tout un paquet de clopes en moins de 20 minutes, les conversations des gamines de 15 ans dans le bus, ou encore celles des gosses de riches, leur façon de voir l'existence (buveries et coucheries) … [C'est pas que la terre entière me rebute, mais…].
— Vous attendez trop des autres.
— Bof. Là il s'agissait d'exemples avec des personnes dont je me fous complètement.
— … (secoue la tête).