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Les humeurs changeantes d'Antigone


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"Je t'aime"
      est passé aux aveux ce matin, comme me l'avaient fait prévoir certains mots, regards ou rires niais échangés par les élèves de 3CO (4ème et 3ème) dans le bus ces derniers temps. Je savais que ce vendredi serait le jour des aveux, et je m'y étais préparée du mieux possible en demandant conseil autour de moi. Ma plus grande crainte était qu'il tente de m'embrasser de force, car j'aurais pu ne pas pouvoir le repousser (malgré ses 5 ans de moins que moi, il doit bien mesurer 40 cm et peser 20 kg de plus que moi), Naelia m'avait dit avec raison que s'il m'aimait il ne ferait rien par force, et elle avait vu juste [Merci !]. Je me demandais aussi quelle devrait être ma réaction s'il le faisait quand même, et, à l'unanimité, ceux à qui j'ai demandé conseil m'ont répondu qu'une baffe serait du plus mauvais effet [Merci encore !]. Quand j'avais 15 ans j'ai dit à un copain que je l'aimais, sans aucune violence et je ne suis ramassé une baffe… Mais curieusement je ne me suis pas sentie humiliée du tout, j'étais trop fière d'avoir osé !

   Enfin… Alors ce matin, bien décidée à avoir une conduite exemplaire et à être très ferme, je me suis rendue en classe, 2 heures trop tôt, afin d'avoir cette conversation qui commençait à devenir vraiment nécessaire. Nous parlions depuis une dizaine de minutes quand la directrice primaire/collège a surgi, sans frapper (ce qui prouve qu'elle s'attendait à surprendre quelque chose), dans la classe où nous étions tous deux, badinant sérieusement (c'est possible dans le sens où le sujet était sérieux, mais où le petit n'avait pas du tout la tête à cela) sur le sujet de l'épuisement de notre planète dans 20 ou 25 ans. Sans rien me dire à moi elle lui ordonna d'aller en étude et que dorénavant, il aurait intérêt à y aller tous les vendredis…

   L'heure d'après, il revint me voir, après avoir longuement expliqué au surveillant qu' il devait me parler, pour une question de vie ou de mort ; il lui avait alloué 5 minutes. J'étais assise contre mon radiateur et lui s'est posé à 3 mètres de moi sur la table. Il m'a dit qu'il devait m'avouer un truc important qu'il aurait déjà voulu que je sache avant les vacances. Il s'occupait les mains en tripotant mes stylos, cherchant l'élan, puis m'a regardée et m'a dit simplement : "Je t'aime." Et moi de répondre, timidement, mais sûre de moi : "Je sais.". Et puis quand j'y repense, il me semble vraiment que c'était une jolie scène, pas triste du tout, car à aucun moment il n'avait espéré que je puisse lui répondre que je ressentais les mêmes sentiments que lui, et qu'il est vraiment très courageux. C'était le genre de "je t'aime" de l'entente duquel on ressort grandie parce que c'était totalement innocent et que ça venait du fond du cœur. Ce n'était pas lancé sur le ton du défi, ni de la revendication ou de la supplication et c'est pour cela que c'était courageux (c'était le genre de "je t'aime" que je n'ai jamais su qu'écrire, et le seul de ce genre que l'on m'ait dit en me regardant dans les yeux). Et j'étais émue, ne sachant pas que dire, alors doucement j'ai ajouté : "Non, tu ne m'aimes pas ; tu crois m'aimer.", mais je n'ai pas justifié car pour cela je n'aurais eu qu'Œdipe et Freud qui sont toujours les arguments les plus difficiles à accepter, et aussi les plus blessants quand on est convaincu de ses sentiments ; ça aurait été trop facile de le blesser et je ne le voulais surtout pas.

   Cette histoire ressemble trop à une autre qui m'a fait souffrir de douleurs qui, même si elles furent ce grâce à quoi je me suis détachée de la personne aimée, ne devraient jamais être infligées. Plutôt que de le voir se détacher de moi en 2 jours mais en souffrant après pendant 1 mois, je pense qu'il vaut mieux que ce détachement prenne 3 mois et qu'il se fasse sans grande blessure. Il n'a déjà pas très bonne image des femmes, je n'aurais pas voulu être celle qui aurait accentué cela.

   Après il est reparti, et je ne l'ai plus revu depuis.

 

 

   Journée très tranquille sinon. L'après-midi on a manqué les cours pour faire une interview pour le TPE, pendant une heure, puis on est allés jouer aux cartes. On doit avoir terminé avec le TPE pour la fin janvier, puis il faudra aller présenter ça en France…

   Et puis après j'ai reçu un e-mail qui m'a fait vraiment plaisir, auquel je répondrais dès que possible.

Ecrit par Antigone, à 19:04 dans la rubrique "Du rien sur un tas de vide".

Commentaires :

  pierroleouf
pierroleouf
11-01-04
à 02:50

pas sommeil non plus ce soir.

...pas cette fois non plus que je passerai aux aveux ;-)

enfin, allez quand même : j'aime tes articles !
(...et toi, tu diras "Je sais.")

gros bisous !


  Antigone
Antigone
11-01-04
à 15:23

Re:

Exactement !

Bises

  bader
bader
11-01-04
à 11:16

C'est beau...

Salut,

snif, c'est beau, j'en ai presque la larme à l'oeil.
Plus je relis plus j'ai l'impression de ressentir ce que ressent
et je peux te dire que c'est intense.
Tout ce manège à la limite du ridicule est en réalité une
mini tragédie pour lui, il va s'en souvenir et plus tard je pense
qu'il y repensera avec nostalgie et compassion envers lui même.
Sans vouloir être blessant avec lui j'ai quand même eu l'impression
que tu as un peu joué avec lui comme pour te tester.
Peut être était-ce inconscient, ou pas.
Je m'explique: des deux le rôle le moins atypique est le sien,
car enfin on peut comprendre les motivations du petit mais les tiennes...
Mais de toute manière je crois que tu as réagis de la meilleure des manières
mais es tu sur qu'il ne t'aimes pas réellement ?
J'ai déjà eu comme sujet de dissertation une situation similaire
ou un des personnages disaient à l'autre "tu crois m'aimer",
le débat fut interminable.
Bon en tout cas sache que tu as participé à un évenement
qu'un garçon doit obligatoirement avoir vécu ;)
Grand moment en réalité.
Je le relis encore !
nan rien à dire c'est beau.

  Antigone
Antigone
11-01-04
à 16:09

Re: C'est beau...

Dire je t'aime à quelqu'un... Oui, ça c'est un grand moment et sûrement un des meilleurs dans une vie.
Tu as raison, je crois qu'inconsciement je joue un peu avec lui, ce qui complique tout car je ne veux aucunement le faire. Sans doute parce que même si je ne le partage pas je ne refuse pas son amour qui me fait plaisir et que j'essaie de conserver, égoïstement, il est vrai.
Ce qui me fait penser qu'il ne m'aime pas vraiment est très simple : ses parents sont divorcés et il vit avec son père et sa soeur en Suisse, tandis que sa mère est en France. Il ne la voit pas souvent, mais ça ne le gène pas car il ne l'aime pas beaucoup. Il m'a déjà dit que je ressemblais à sa mère, et c'est ce qui me fait craindre que l'amour qu'il ressent pour moi soit en réalité celui qui serait normalement destiné à sa mère.
C'est pas facile comme situation, j'essaie de faire du mieux que je peux pour ne pas le blesser, mais je ne sais pas trop quelles réactions je devrais avoir. J'ai vraiment peur que son attachement pour moi ne soit qu'une sorte de complexe d'Oedipe, mais il se peut aussi qu'il m'aime réèellement, le problème c'est que chacun de ces cas demande des réactions assez différentes.
Bref, je suis assez embêtée...

A+

  bader
bader
11-01-04
à 19:35

Re: Re: C'est beau...

L'amour est un complexe d'oedipe !
Il n'y a rien de plus «fou» que l'amour alros oui c'est peyut être un complexe d'oedipe mais ça n'empêche en rien que ce soit de l'amour, le vrai.
Car qui sommes nous pour savoir ce que ressentent vraiment les autres ?

  Antigone
Antigone
11-01-04
à 19:45

Re: Re: Re: C'est beau...

C'est vrai que je ne peux pas décider de la nature des sentiments qu'il me porte, mais je pense juste que s'il m'aime comme il aimerait sa mère, c'est assez malsain, et plutôt mauvais pour son développement psychique, d'autant plus que j'ai tendance à avoir avec lui des comportements maternels qui risquent de l'infantiliser plus que de le faire grandir et mûrir.

Mais je ne peux pas savoir ce qu'il ressent exactement, et si ça se trouve il ne me considère pas du tout comme une mère.

(Je sais le mal que cela fait quand la personne aimée remet en question les sentiments éprouvés à son égard, et qu'elle en fait une interprétation fausse, et c'est pour ça que je ne ferais aucune interprétation définitive.)

  snodgass
snodgass
11-01-04
à 13:34

le premier amour d'un homme est le plus beau et il dure souvent à vie, ce que les femmes ne savent pas

  Antigone
Antigone
11-01-04
à 15:32

Re:

Ou peut-être qu'elles le savent mais se débrouillent pour l'oublier, histoire de ne pas passer sa vie à regretter...

  snodgass
snodgass
12-01-04
à 09:20

Re: Re:

c'est pas du regret, c'et un petit souvenir ensoleillé dans un coin du coeur!!!!!!!!!!!!!

  Antigone
Antigone
12-01-04
à 19:10

Re: Re: Re:

Mais on pourrait regretter de ne pas avoir aimé celui dont on était le premier amour, non ?

  snodgass
snodgass
12-01-04
à 22:10

Re: Re: Re: Re:

non, parce ce que la vie est imprévisible, et pour moi c'est comme cela : c'est un ensemble entre les petites blessures de la vie et les petits bonheurs.

 


  mathilde
12-01-04
à 14:34

voila j m présente j m'apelle mathilde j vien de lire tt se k vou dite les une au autre j pense juste k toi antigone tu a surremen juger un peu vitte non pas k j veile dire k tu a tt fo mais un garcon n di pas j t'aime comme sa il n peu pas chercher une mére en permanence
le complexe d'oedipe se fait a 3 ans pa plu loin pk n veu tu pâ voir sa???
na tu pas plutit peur d'avoir kelk1 ki t'aime??? tu na pa peur d'aimer de vivre une vré histoire pansse plutot a sa tu a pas peur de l'amour k'il puisse t'aporter sa serai possible voilma dsl j'espére k j n t'aurai pas agacer ac mon opignon personnelle j'espére k tu m'en voudra pas en revoir et ki c a bientot mathilde

  Antigone
Antigone
12-01-04
à 19:31

Re:

Ton opinion ne m'agace pas du tout !
C'est vrai que plus le temps passe et moins je pense qu'il y ait une sorte de complexe d'Oedipe. Ce qui m'avait fait penser ça, c'est le fait qu'il vive sans sa mère, et qu'il ne l'aime pas, et puis il m'a déjà dit que je ressemblais à sa mère, physiquement. Mais je ne suis pas dans sa tête, alors je ne peux pas décider de la nature de l'amour qu'il me porte.
Par contre il est possible qu'en refusant d'y croire je veuille simplement écarter ses sentiments de moi car j'ai peur de tomber amoureuse de lui, car si cela arrivait, je croirais être amoureuse alors qu'en fait je serais simplement devenue dépendante aux compliments qu'il me fait, à sa façon de me regarder... Et ça ne serait pas du tout honnête envers lui.
Tu diras sûrement que je réfléchis trop, mais c'est juste parce que je me méfie de moi-même, j'aurais peur de me servir de quelqu'un que j'apprécie pour combler un manque affectif.



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