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Pas sommeil
Je n'ai pas sommeil.

Mais je n'ai rien non plus à dire. Aucune plainte à déposer. Je n'ai rien vu ni fait de différent aujourd'hui. Oh si, quand même… J'ai vu quelqu'un de normalement équilibré intellectuellement donner à boire à des chaussons et je me suis entendue marcher en faisant des bruits d'éponge, puis quelqu'un qui ne s'excuse jamais l'a fait (pour avoir abreuvé mes chaussons). Par la suite mon prof de maths m'a libérée une heure plus tôt, et ça m'a étonnée quand même, mais je ne vais pas m'en plaindre.
Il y avait du brouillard aujourd'hui, et je n'aurais pas regretté de n'être pas 50 mètres plus haut où il y aurait eu du soleil toute la journée si je n'avais pas oublié mon appareil chez moi. C'était tout comme j'aime bien : on était à la frontière entre les deux, et pendant la philo, entre les quelques arbres qui restent de l'ancien bois que l'on apercevait par les fenêtres de la classe, le soleil traversant le brouillard avait des jeux de lumière étonnants entre les arbres. Lundi dernier aussi, cette forêt méritait d'être regardée. C'était alors qu'il faisait déjà nuit, on devait y brûler des restes de bois et les flammes montaient très haut dans l'air glacé. J'étais fascinée, comme toujours par le feu. Ce grand feu au milieu de la forêt, si on oubliait seulement que ça n'était déjà plus une forêt, ça m'a fait penser à un épisode dans Bilbo le Hobbit, quand les nains et Bilbo sont dans la forêt et qu'il y a des "gens" en train de festoyer mais dès que les nains s'en approchent tout disparaît… Pour finir je ne sais plus ce qui se passe.

Je vais quand même aller dormir, du moins essayer, feuilleter mon livre de poésie et être contente d'y avoir retrouvé la Ballade des pendus de François Villon et ceux des poèmes de Tristan Corbière que j'avais appris. Corbière, ça devait être quand j'étais en 4ème, j'avais bien aimé, je ne sais pas pourquoi, pourtant ces vers : "Ne fais pas le lourd : cercueils de poètes / Pour les croques-morts sont de simples jeux, / Boîtes à violon qui sonnent le creux…" ont pour moi un genre de charme bizarre, la sonorité, ou que sais-je… A l'époque je me disais poète (on peut être très prétentieux à 13 ans), spécialiste des petits rimages faits en deux minutes, fière de composer des sonnets réguliers que personne n'avait le droit de lire.

Je vais me coucher.

[J'aurais dû poster ça hier soir, mais j'avais oublié de cocher "publier".]
Ecrit par Antigone, à 07:08 dans la rubrique "Du rien sur un tas de vide".

Commentaires :

  pierroleouf
pierroleouf
09-01-04
à 10:40

[arf, je me disais bien aussi qu'il venait pas, cet article...]



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