Les humeurs changeantes d'Antigone

   Je crois que je n'apprendrais rien à personne en disant que c'est les vacances à la fin de la semaine, et que c'est bientôt Noël.
   Je pars en France en train samedi prochain avec ma sœur pour aller chez ma grand-mère, mes parents et mon frère nous y rejoignent quelques jours plus tard pour fêter Noël avec toute la famille de mon père puis de ma mère ; on repartira le lendemain ou le surlendemain. Après ce sera une semaine de ski, mais vu l'absence de neige ça s'annonce plutôt mal.

   Donc il va falloir remplir ces quelques obligations familiales, se montrer souriante, gaie, heureuse, ouverte, intéressée (par les gens, pas par l'argent), intéressante… et ça risque de ne pas être toujours facile. Je vais encore passer pour la gentille fifille coincée et débile, qui n'a pas de vie, qui ne connaît rien, qui ne fait rien, qui ne sait que rester le nez dans ses bouquins.

   Va falloir raconter des choses pour se faire valoir. Sans doute que je pourrais adapter la "petite histoire" pour les besoins du nouveau film, suffirait juste de modifier les "faits". Si je garde les mêmes évènements, que je modifie leur déroulement dans le temps et leur durée ainsi que quelques petits détails visant à me faire passer du statut de petite fille à celui d'être humain (une petite fille est un être humain, mais un être humain qui ne connaît rien...), que je mets ma sœur dans le secret… on me croira sans problème. Puis je pourrais dire qu'on s'est plaqués d'un commun accord il y a juste deux semaines, et comme ça on peut expliquer pourquoi je suis pas super heureuse avec un grand sourire sur la tronche [Oui… je l'aime encore… mais c'est mieux pour lui comme ça… (l'idée de sacrifice se vend bien)]. C'est nul, mais c'est ce que je vais faire. Parce que quand même, c'est pénible de simplement acquiescer sans rien avoir à dire quand les gens commencent à raconter leurs histoires de cœur (et de cul).

   Je vous raconterais volontiers la "petite histoire", mais par respect pour l'autre protagoniste je préfère me taire.

   Un jour j'assumerais. Je serais moi sans honte.

   Patience, ça viendra…

   J'assumerai ma vie sociale désespérément déserte ou presque, mon absence d'amoureux de mon âge, ma virginité, ma timidité, ma vision du monde, mes rêves, ma sentimentalité pathétique, mes principes… (heureusement que j'assume au moins mes mensonges).

* *

*

   Sinon, bah… que dire ? Je pensais dans mon lit hier soir au fameux rêve fictif évoqué dans l'article précédent, je me suis endormie, et j'ai eu un rêve qui y ressemblait fort, et dont je me souviens très bien. Ça doit être bien d'être avec quelqu'un qu'on aime et qui nous aime ; oh oui c'est bien… Et réveillée un peu plus tard parce que j'avais froid et que je me sentais mal et envie de pleurer. C'est con, mais heureusement que ma grenouille en peluche était juste là, et que j'ai pu la serrer fort dans mon poing jusqu'à ce que ça aille mieux, et me rendormir en lui parlant, doucement, de rien, juste les mots qui venaient, des phrases ou non. C'est con, mais parfois ça aide.

   Je suis vraiment trop conne.

­­­­