Les humeurs changeantes d'Antigone

  Je me pose des questions sur l'omniscience de la prof de français directrice de l'école. Jusqu'à quel point cela va-t-il ?
   Comment se fait-il qu'elle m'ait fait, en une journée et deux rencontres dans le couloir, deux allusions à Antigone ? Aurait-elle lu mon Joueb ? Serait-elle tombée dessus par hasard, en recherchant des infos sur la pièce qu'elle ira voir avec les premières (les veinards… !) ?
   Et comment se fait-il qu'elle ait eu vent des idées pas toutes roses dont on m'avait fait part, et que je n'avais révélé à personne, et dont je n'avais même pas parlé ici ?
   J'y comprends rien. J'aurais presque peur.
   A-t-elle lu ou non ce Joueb ?

   D'autre part, pourquoi le prof de maths met-il autant d'insistance à savoir comment je vais ?
   Que savent-ils tous et que j'ignore ?

   Ecole de fous ! Vivement que j'en sorte et bon débarras de convivialité familiale quasi-déplacée, souvent utilisée à mauvais escient par qui avait problèmes de couple, de famille… et voulait en profiter pour susciter un apitoiement favorable au séchement des cours qualifiés de secondaire.
   Même traitement pour tout le monde, et pas de pitié ! Ce n'est pas parce que je déprime trop souvent qu'il faut que tous me regardent avec une compassion néfaste.
   Je ne veux pas qu'on me parle doucement en m'entourant de coton. Je veux qu'on me montre la réalité, le monde tel qu'il est. Et tant pis si ça me fait mal, puisque après tout je ne veux que des choses fortes et vraies à 100%, puisque je n'arrive pas à me plaire dans la constante médiocrité de ce monde où fatalement le 100% doux, beau, pur et joyeux n'existe pas, alors que son contraire, fort du malheur, se rencontre partout, et qu'il peut être, lui, teinté d'héroïsme.
   Je m'égare, moi.
   Je ne veux pas de pitié malsaine de la part de mes profs, je ne veux pas d'avis très favorable sur mon livret scolaire, ni de notes surélevées de 2 ou 3 points sous prétexte que je ne vais pas bien.
   Marche ou crève, et le même salaire pour tout le monde, merci !
   On ne peut pas vivre assisté toujours, alors ça m'aidera pas s'ils sont tous gentils avec moi, et qu'en plus c'est de la gentillesse que je ne désire pas.