Les humeurs changeantes d'Antigone

   Il n'a pas ri. Enfin, si, une seule fois, quand j'ai enlevé mon pantalon, et qu'il a pu voir mes splendides bas à rayures multicolores, puis il a mesuré mes jambes sous toutes les coutures (quoi ? vous ne saviez pas encore que je n'étais qu'une poupée de chiffon ?), et comme je le pensais, la droite mesure 1,5 centimètres de plus que l'autre, mais mon dos est droit, donc ce n'est pas grave : condamnée à porter à vie une semelle dans mon soulier gauche…

   Puis, finalement, j'ai pris mon courage à deux mains et je lui ai dit :
   — J'aimerais consulter un psychologue.

   Alors il m'a regardée, et m'a demandé pourquoi ; j'ai dit que ça faisait un moment que ça n'allais pas bien, que j'avais peu d'amis, que je n'aimais pas les gens, et qu'ils me le rendaient bien.
   — Problèmes relationnels alors ?
   — Oui.
   Il a répondu que ça se voyait.

[Moi je pensais pas du tout, alors…]

   Et il m'a expliqué qu'il fallait que j'aille voir un psychiatre, car c'est remboursé par l'assurance maladie, et que celui-là pourrait décider de déléguer ou non vers un psychologue.
   Il en cherchera un qui voudra bien me recevoir, puis il me téléphonera pour me donner le numéro, et je devrais appeler pour prendre rendez-vous ; c'est une démarche qui doit venir de moi, il m'a dit, comme ce que j'ai fait de décider de lui en parler, et que c'était bien.

[Je vous ai déjà dit que j'avais peur du téléphone ?]

   Sans doute que c'est cela qui sera dur.

   J'ai oublié de lui parler de mes vaccins… Tant mieux.